Beaucoup de médias titrent sur un échec de la COP parce que la somme nécessaire à la mise en place d’une réelle stratégie n’a pas été récoltée et trés engagés sur la COP climat , ils craignent l’effet boule de neige. Pourtant nous le savions dès l’ouverture: crise économique , réflexions autour d’une gestion mutualiste des fonds (climat, biodiversité, désertification) , fin d’un multiralisme efficace, .. Bref Cali était annoncée comme étant une COP intermédiaire et la Colombie en a fait un événement très populaire .
D’où pour nous, une réussite: on a davantage parler de Cali que de Montréal, les pays du Sud et les autochtones s’y sont très bien exprimés . Par ailleurs Cali s’était donné la paix, l’écoute des peuples autochtones, un voix d’Amérique du Sud pour objectifs et c’est gagné. Un rééquilibrage Nord/sud est en route. Reste cependant beaucoup à formaliser dont le financement N/S (on attend 700 millions, seuls 163M ont été versés) , les plans stratégiques (à remettre avant 2030), la poursuite de la mise en protection (30%Terre, 30% mer) et surtout les indicateurs qui permettraient d’évaluer les progrès accomplis.
ACQUIS:
Un fond de 1% sur les bénéfices des groupes (plutôt qu’une contribution volontaire aléatoire)en faveur des peuples autochtones est gagné (on ne sait pas encore comment va s’organiser le « fonds de Cali »placé sous l’égide des Nations Unies), une autre entrée que le FEM existe. C’était le préalable à la remise d’un plus grand nombre de « plans stratégiques ». Une certitude également le partage des avantages est désormais fondés et il l’est également sur le partage des bénéfices issus du séquençage des ressources génétiques
les autochtones ne seront plus dépendants des peuples scandinaves qui depuis 92 financent leur présence: un groupe officiel est reconnu
On n’a pas signé à Cali des monceaux d’ AMP/Papier. Enfin le sérieux semble s’installer et pour l’instant, les crédits biodiversité semblent encore en discussion.
L’anniversaire a débuté à Montpellier dans l’un des plus vieux jardins botaniques de France. Il faisait déjà beau et chaud quand une petite foule de salariés du CIRAD, de partenaires du sud, de journalistes a déambulé pour admirer une expo photo « le vivant grand format ». Une sorte de tour du monde en images de la diversité des recherches du CIRAD, donnant à voir un vivant mosaïque, depuis les séquences de génome, jusqu’ aux marchés de mangues du Sénégal, en passant par la diversité des semences et variétés de riz, d’échantillons de sols, ou de chasseurs perdus dans la jungle gabonaise. Et si vous avez raté cette inauguration, pas de panique, les photos sont installées sous les arbres pour plus d’un mois.
Les festivités se sont poursuivies au CORUM avec trois tables rondes.
Il y a quarante ans l’Etat dotait la France d’un organisme de recherche agronomique pour le développement, avec la coopération comme mode d’action. Le temps aidant le CIRAD devint l’organisme français de recherche agronomique et de coopération internationale pour le développement durable des régions tropicales et méditerranéennes. Présent dans une cinquantaine de pays, outre ses chercheurs, il s’appuie sur un réseau mondial de 200 partenaires. Aujourd’hui, suivant les besoins, il travaille sur les territoires ruraux et leur résilience, après avoir défendu la « révolution verte ».
Autre temps, autres mœurs.
D’une part l’échelle de ses travaux s’est élargie à l’écoute des collectivités locales, d’autre part la recherche s’habille de participation. La coopération et les savoirs descendants se muent en écoute et coproduction « d’autant plus encore dans ce monde traversé de crises multiples, liées au climat, à la biodiversité et à la sécurité alimentaire. Un monde qu’il nous faut transformer » dira la PDG Elisabeth Claverie de Saint Martin. La pratique du terrain et du systémisme des chercheurs du CIRAD les positionnent en première ligne sur ce qu’ici on appelle « l’hybridation » : le croisement des acteurs et des thématiques , un regard collectif et transversal sur l’alimentation, la santé et l’environnement, le fameux « process montpelliérain » , une recherche partagée pour construire le monde de demain, mettre en commun l’intelligence pour agir. Le concept fut dévoilé lors des Global Days 2024 par tous les labos , le CGIAR et Med vallée « un écosystème qui permet de tester la cohésion dusavoir » Depuis, ici on travaille, on teste « one health », avec un objectif : déconstruire les savoirs pour reconstruire ou coconstruire par les sciences , à l’écoute de tous les savoirs « sans être dans la culture de la promesse ».
RV le 25 novembre à Paris en partenariat avec le journal Le Monde, avec un grande conférence publique en fin de journée
Article de Dominique Martin-Ferrari, membre du bureau de l’AJE
———————————–
Livre : « Pleine terre » ou l’absurde mort d’un paysan, par Jean-Luc Fessard, adhérent de l’AJE
C’est le récit romancé de la mort d’un éleveur, Jérôme Laronze, abattu par les gendarmes. Ce « fait divers » avait été traité dans le passionnant documentaire d’ARTE « Sacrifice paysan ».
Le livre fait vivre la cavale de 9 jours jusqu’à la fin tragique de la victime après un xième contrôle sanitaire. Jérôme Laronze dénommé pour la fiction Jacques Bonhomme et plusieurs personnages de son entourage s’expriment tour à tour pour expliquer l’enchaînement mortifère des événements. Nous y découvrons plusieurs étapes fondatrices de l’engrenage fatal qui va progressivement s’enclencher. Mais au-delà de ce terrible drame, il est possible de comprend que, préconiser la polyculture élevage, c’est à la fois concret avec des pratiques agricoles éprouvées, mais aussi en décalage profond avec l’actuelle réalité administrative, politique et humaine. Tous ceux qui se sont engagés dans la recherche de solutions pour le climat, la biodiversité et la vie sur la planète, sont arrivé à la conviction qu’il va falloir opérer une véritable métamorphose de l’agriculture et de l’alimentation. Qu’il faut rapidement rompre avec la monoculture et l’élevage intensifs au profit de l’agroécologie c’est-à-dire la polyculture élevage, sans labours, sous couvert végétal. D’arrêter le cycle infernal de fermes industrielles toujours plus grandes pour multiplier les fermes paysannes à dimension humaine.
Les écrits de Marc Dufumier : « L’agroécologie peut nous sauver », ou encore Jacques Caplat, Vandana Shiva et André Leu : « Une agriculture qui répare la planète » à eux seuls ont démontré, non seulement quelle direction prendre, mais aussi que pratiquement tous les savoir-faire nécessaires sont connus et ne demandent qu’à être mis en œuvre. Fini les fermes usines bétonnées dans lesquelles des animaux surexploités grâce à des technologies de pointe, ne voient jamais un brin d’herbe et sont nourris avec des tourteaux de soja OGM issus de la déforestation de l’Amazonie. Également fini les monocultures intensives irriguées et arrosées d’intrants issus de la pétrochimie, dégageant du protoxyde d’azote, des algues vertes inondées d’insecticides destructeurs de la biodiversité.
Vive les haies entourant les pâturages et les terres amendées avec des intrants organiques, du fumier provenant d’élevages à taille humaine. Seulement pour que ce rêve arrive, il ne faudra pas seulement convaincre des agriculteurs et des éleveurs que là réside leur avenir. Fini la recherche ininterrompue de productivité, le toujours plus, vive la qualité, le toujours mieux. Nombreux sont ceux qui, à l’instar de Jérôme Larouze, aspirent à cette nouvelle agriculture, mais nos institutions sont-elles adaptées à ce changement radical de perspective ? C’est paradoxalement au nom de la traçabilité pour le consommateur et du bien-être animal que le pire est arrivé. Jacques Bonhomme, au lieu d’être aidé, soutenu dans ses choix vertueux, se retrouve très vite pris dans un imbroglio bureaucratique qui précipite sa chute jusqu’à la fin tragique : des balles tirées par un gendarme probablement apeuré par le costume de dangereux délinquant que les institutions avaient taillé pour cet éleveur qui ne voulait que faire au mieux son métier de paysan.
Jean-Luc Fessard, président de Bon pour le Climat
« Pleine terre » par Corinne Royer, Ed. Actes-sud, août 2021
—————————
COP26 et vaccin Covid : fracture entre les délégations riches et pauvres
Article de Karl Mathiesen, Merlin Sugue et Nette Nöstlinger pourPolitico, traduit et adapté par Esther Amar vice-présidente de l’AJE.
Pour la COP 26, on peut craindre que les délégations des pays riches soient entièrement vaccinées, contrairement aux pays plus pauvres. Les délégués des pays à revenu faible et intermédiaire sont moins susceptibles d’avoir reçu un vaccin contre le coronavirus.
Les pays les plus pauvres craignent d’être exclus des négociations des Nations Unies sur le climat cette année si leurs délégués restent en marge des vaccins COVID-19. Le journal POLITICO a envoyé des sondages à l’UE et aux 196 pays qui font partie de la convention des Nations Unies sur le climat ; sur les 51 qui ont répondu, moins de la moitié ont vacciné leurs délégations. Au moment où les discussions commenceront en novembre, plus d’un quart des pays ayant répondu s’attendent à ce que leurs délégués n’aient pas accès aux vaccins, tous originaires du monde en développement.
« Il serait extrêmement injuste que les pays pauvres ne soient pas en mesure d’envoyer des équipes complètes de négociation pour l’épreuve de force de Glasgow parce qu’ils n’auront pas été approvisionnés en vaccins. Ce sera une COP26 pour les pays développés uniquement», a déclaré Muluneh Ghedeto du ministère éthiopien de l’Environnement, des Forêts et du Changement climatique, qui est censé assister à la COP26.
Dimanche, le Premier ministre britannique Boris Johnson a appelé ses collègues dirigeants du G7, réunis cette semaine à Cornwall, à fournir des vaccins aux pays en développement ébranlés par des crises économiques, climatiques et sanitaires simultanées. La réponse des riches démocraties se répercutera tout au long de la COP26, où le Royaume-Uni fait pression sur tous les pays pour conclure les négociations sur les règles régissant l’Accord de Paris de 2015 et accélérer considérablement leurs efforts pour réduire les émissions.
« Les positions des pays en développement à l’approche de la COP26 vont se durcir si les vaccins ne sont pas disponibles, si l’allégement de la dette et le soutien à la croissance ne sont pas disponibles et si le financement climatique n’est pas résolu », a déclaré Rachel Kyte, doyenne de la Fletcher School of Law et Diplomatie à l’Université Tufts et ancien haut représentant des Nations Unies pour le climat.
Des milliers de délégués nationaux assistent en général à la conférence annuelle des Nations Unies durant deux semaines, discutant simultanément des dizaines de points de négociation. Le Royaume-Uni est catégorique : après le report de la conférence de l’an dernier en raison de la pandémie, il accueillera la réunion. Mais un porte-parole de la COP26 à Londres ne dit pas si le Royaume-Uni imposera des restrictions, telles que des quarantaines, aux participants non vaccinés. Toute décision concernant le format de la réunion impliquera des responsables britanniques de la santé publique, qui seraient plus susceptibles d’imposer des limites plus strictes à la participation si une grande cohorte de délégués reste à risque plus élevé d’infection par le coronavirus.
Sur les 51 gouvernements qui ont répondu à l’enquête de POLITICO, les diplomates et les responsables de 27 pays – riches et pauvres – manquaient actuellement de vaccins. L’espoir à travers l’Europe, l’Amérique du Nord et l’Australie était que tous leurs délégués soient protégés pour se rendre à Glasgow en novembre. Mais les responsables des pays en développement, y compris les grands émetteurs comme le Mexique et le Vietnam, ont brossé un tableau plus incertain. Camila Zepeda Lizama, directrice générale des questions mondiales au ministère mexicain des Affaires étrangères, a déclaré que le programme de vaccination de son pays était axé sur les personnes âgées et les plus vulnérables. Elle a déclaré qu’il « semble peu probable » que tous les négociateurs climatiques obtiendraient leur dose avant novembre.
Le fossé vaccinal affecte également certains des pays les plus vulnérables du monde, qui utilisent la conférence annuelle pour défendre leur survie. Les Maldives, l’Érythrée, l’Éthiopie et les Fidji – qui ont présidé les pourparlers des Nations Unies en 2017 – ont tous déclaré qu’ils ne s’attendaient pas à ce que les vaccins arrivent à temps. Le délégué éthiopien Ghedeto a souligné la responsabilité des pays développés, ainsi que des agences des Nations Unies, de distribuer des vaccins, car l’accès aux vaccins a été « extrêmement inégal ».
« Les voix et les préoccupations des pays développés doivent être entendues lors de la COP26 de cette année », a déclaré Ghedeto, soulignant que sa délégation « explorerait toutes les options disponibles » pour pouvoir négocier face à face à Glasgow. Alors que les représentants du gouvernement éthiopien ont été vaccinés, il n’en va pas de même pour les conseillers experts qui négocient les détails clés des problèmes techniques qu’ils connaissent extrêmement bien. L’absence de ces délégués pourrait avoir des conséquences à long terme pour les pays qu’ils représentent, a-t-il déclaré.
Plusieurs pays ont déclaré qu’ils ne pouvaient pas exiger que leurs délégués soient vaccinés ou même déclarer leur statut vaccinal car il s’agissait d’un choix médical personnel. Muhammad Ridzwan Ali, du ministère malaisien de l’Environnement, a déclaré que la préférence du Royaume-Uni pour les vaccins fabriqués en Occident faisait craindre que d’autres vaccins ne soient pas reconnus. « D’autres pays ont reçu d’autres types de vaccins dans le cadre de COVAX » – le programme d’accès au vaccin COVID-19 de l’Organisation mondiale de la santé – de la Chine et de la Russie en particulier, a-t-il déclaré.
L’option la plus discutée parmi les délégations climatiques des Nations Unies est un programme de vaccination ciblée, dirigée par le Royaume-Uni ou les Nations Unies. Le gouvernement britannique ne confirme pas si une telle initiative était prévue. Presque tous les pays en développement interrogés ont déclaré qu’ils accepteraient les vaccins de Londres – bien que l’enquête ait ciblé les diplomates du climat et non les responsables de la santé, qui pourraient être critiqués si les vaccins étaient donnés aux représentants du gouvernement avant les citoyens les plus nécessiteux. Une réunion préparatoire en ligne de trois semaines pour la COP26, actuellement en cours, sape les arguments en faveur d’une COP26 virtuelle. Il a été entravé par une série comique d’incidents de connexion – des angles de caméra inattendus aux défaillances du bouton de mise en sourdine. Des pays méfiants ont empêché la réunion d’adopter des décisions formelles. La semaine dernière, la Chine a exclu les observateurs de la société civile des pourparlers sur la transparence et les rapports sur les efforts visant à réduire la pollution. « Il est très difficile de participer efficacement aux réunions virtuelles, en particulier avec la faible connectivité Internet », a déclaré Mokoena France, un météorologue du gouvernement du Lesotho, qui ne prévoit pas de vacciner ses responsables bientôt. « Je pense que les gens devraient simplement se faire vacciner et assister à une réunion physique. »
—————————-
Avec le changement climatique : être ou ne pas être Omnivore ?
L’homme n’est, ni carnivore, ni frugivore, ni granivore, ni herbivore, il est omnivore. C’est l’une des raisons qui lui a permis de s’implanter sur toute la planète et de survivre, alors que d’autres cousins humanoïdes ont disparu. Avec le changement climatique en cours nous devons combiner atténuation et adaptation. Pour l’atténuation, il est essentiel de réduire la part carnée de notre alimentation au profit de sa part végétale. Et pour l’adaptation, il est préférable de rester omnivore, cette approche opportuniste nous permettra de survivre malgré, comme c’est prévisible, des conditions d’approvisionnement dégradées.
Plat symbolique et plat bas carbone : Bœuf carotte ou carotte bœuf ?
Thomas Pesquet aurait emporté dans la station internationale du Bœuf Bourguignon en hommage à sa région d’origine. Le poids carbone de ce plat est anecdotique, au regard de l’énergie dépensée pour cette mission, néanmoins ce choix mérite réflexion. Le plat est déshydraté pour peser le moins possible et cuisiné par un très grand chef, pour être délicieux une fois reconstitué, mais comment est-il composé ? Avec quels ingrédients et dans quelles proportions ? En effet son poids carbone dépend de ces 2 paramètres :
La qualité des ingrédients : comme le dit Bruno Parmentier*1, il y a « carotte et carotte, bœuf et bœuf »
Les proportions : 2/3 de bœuf et 1/3 de carottes ou l’inverse ?
Quel est le poids carbone de chaque option ? Le plat « classique » : avec 200 gr de Bœuf ordinaire et 100 gr de carottes hors saison, non locales : Son poids carbone par couvert est de : 5820 gr d’équivalent CO2 dont 85 gr pour les carottes. Le plat « poids carbone light »: (des ingrédients de qualité, moins de bœuf et plus de végétal) avec 200 gr de carottes Bio de Saison, locales et 100 gr de bœuf par exemple Bleu Blanc Cœur : Son poids carbone par couvert est de : 2860 gr d’équivalent CO2 dont 28 gr pour les carottes.
Commentaire : Le poids carbone mais pas seulement !
Avec de tels écarts une analyse hâtive et superficielle conclura que, le poids carbone du bœuf étant déterminant, il convient d’opter pour le tout végétal. Effectivement, même dans une alimentation carnée, une réduction de la consommation de bœuf permet de réduire de façon significative le poids carbone de son alimentation. Par exemple en alternant avec du poulet bien élevé le même plat ne pèsera plus que 535 gr d’équivalent CO2, soit 5 fois moins.
Mais ces seuls chiffres ne donnent qu’une partie des éléments impliqués dans notre alimentation. Si les bovins sont élevés en pâturages, les herbages vont stocker du carbone et contribuer à la préservation des paysages. Cette dimension, la préservation des paysages, n’entre pas dans le calcul du poids carbone, alors qu’elle est essentielle, par comparaison à une production en ferme usine. D’autre part, la volaille étant nourrie avec des céréales, son alimentation entre en compétition avec l’alimentation humaine, ce qui n’est pas le cas de la viande bovine, nourrie avec de l’herbe. Ainsi une étude prospective de l’IDDRI concernant l’alimentation en Europe en 2050*2, expliquait qu’il serait plus judicieux de maintenir la production de viande rouge que celle de viande blanche alors que le seul calcul du poids carbone conduit à la conclusion inverse. Dans l’état actuel de ce débat, nous pouvons seulement dire que, diminuer notre consommation de viande (rouge et blanche) et augmenter notre consommation de légumineuses *3, fournit la quantité nécessaire de protéines pour que notre alimentation soit équilibrée tout en étant moins carbonée.
Pour réduire les impacts de notre alimentation : Vive la diversité
Nous pouvons nous inspirer du constat que la nature s’épanouit lorsque la biodiversité trouve un équilibre optimum, pour choisir notre alimentation. Dans la nature des prédateurs carnivores cohabitent avec des herbivores. A chaque fois qu’un prédateur cherche à dominer son écosystème ou disparait de cet écosystème, cela crée un déséquilibre néfaste pour tous. Aussi, loin de vouloir imposer tel ou tel régime : carnivore, flexitarien, végétarien, végan, nous pouvons parier que c’est dans une cohabitation sereine entre tous ces régimes alimentaires que se situe la solution pour une alimentation du futur.
Du végétal pour les animaux et de l’animal pour les végétaux
Tout interagit, une alimentation très carnée nécessite beaucoup de végétaux pour l’alimentation du bétail, alors qu’une alimentation purement végétale nécessite des auxiliaires de cultures (insectes pollinisateurs, verres de terre, microorganismes…) et pour éviter d’employer des engrais chimiques, du fumier animal. C’est de l’amont agricole que proviennent les principaux impacts de notre alimentation sur le climat, la santé, la biodiversité. L’agriculture et l’élevage intensifs émettent en grande quantité :
Du CO2, par une mécanisation « du champ à l’assiette »,
Du protoxyde d’azote avec les intrants chimiques qui détériorent aussi la qualité des sols, de l’eau et détruisent la biodiversité,
Des gaz fluorigènes avec des filières longues de conservation.
Des légumes et des animaux « bien élevés »
Entre un légume ou un animal, « bien élevés » en polyculture élevage et les mêmes issus de monocultures et d’élevages intensifs, le poids écologique dans l’assiette est sans commune mesure. Plutôt que de chercher à s’approprier le vivant en brevetant telle molécule ou tel procédé permettant de développer des monocultures intensives néfastes à la fertilité des sols et à la biodiversité, il parait plus judicieux d’accroitre les recherches pour s’inspirer du vivant et de la biodiversité, afin de trouver les meilleures solutions pour produire une alimentation de qualité.
Choisissez le régime qui vous fait plaisir
Choisissez le régime alimentaire qui vous rend heureux, mais achetez des produits « bien élevés », vous aurez un bien meilleur impact écologique. Ces produits seront légitimement un peu plus chers, aussi réduisez les protéines animales au profit de protéines végétales, achetez les fruits et légumes de saison et votre budget alimentation n’augmentera pas, tout en étant plus bénéfique pour votre santé et notre planète.
Les émissions de GES réduisent l’épaisseur de la stratosphère et pourraient affecter les satellites et le GPS
14 mai 2021 – adaptation par Esther Amar vice-présidente de l’AJE, fondatrice/directrice deIsraël Science Info
“Nous détériorons l’atmosphère jusqu’à 60 kilomètres” dénoncent les chercheurs.
The Guardian. Les énormes émissions de gaz à effet de serre résultant de l’activité humaine réduisent la stratosphère, a révélé une nouvelle étude. L’épaisseur de la couche atmosphérique s’est contractée de 400 mètres depuis les années 1980 et diminuera d’environ un autre kilomètre d’ici 2080 sans réduction majeure des émissions. Ces changements pourront affecter les opérations par satellite, le système de navigation GPS et les communications radio. Cette découverte montre le profond impact des humains sur la planète. En avril, les scientifiques ont montré que la crise climatique avait déplacé l’axe de la Terre alors que la fonte massive des glaciers redistribuait le poids autour du globe. La stratosphère s’étend d’environ 20km à 60km au-dessus de la surface de la Terre. Au dessous se trouve la troposphère, où vivent les humains, et où le dioxyde de carbone chauffe et dilate l’air ce qui repousse la limite inférieure de la stratosphère. De plus, lorsque le CO2 pénètre dans la stratosphère, il refroidit l’air, ce qui le fait se contracter. L’atmosphère terrestre se compose de plusieurs couches, la troposphère est en bas. Les mesures indiquées ici sont approximatives et peuvent varier énormément selon la période de l’année, ou la position par rapport à la terre.
« Une stratosphère rétrécie est le signal brutal de l’urgence climatique et de l’influence à l’échelle planétaire que l’humanité exerce désormais », selon Juan Añel, de l’Université de Vigo ( Ourense, Espagne) et de l’équipe de recherche. «C’est choquant», a-t-il déclaré. «Cela prouve que nous gâchons l’atmosphère jusqu’à 60 kilomètres.» Les scientifiques savaient déjà que la troposphère augmentait en hauteur à mesure que les émissions de carbone augmentaient et avaient émis l’hypothèse que la stratosphère diminuait. Cette étude est la première à démontrer qu’elle se contracte dans le monde entier depuis les années 1980, lorsque les données satellitaires ont été collectées pour la première fois. La couche d’ozone qui absorbe les rayons UV du soleil se trouve dans la stratosphère et les chercheurs pensaient que les pertes d’ozone au cours des dernières décennies pourraient être à l’origine du rétrécissement. Moins d’ozone signifie moins de chaleur dans la stratosphère. Mais cette nouvelle recherche montre que c’est l’augmentation de CO2 qui est à l’origine de la contraction régulière de la stratosphère, et non le niveau d’ozone, qui a commencé à rebondir après que le traité de Montréal de 1989 ait interdit les CFC. L’étude est parvenue à ces conclusions en utilisant les observations satellitaires prises depuis les années 1980 en combinaison avec plusieurs modèles climatiques, qui incluaient les interactions chimiques complexes dans l’atmosphère.
«Cela peut affecter les trajectoires des satellites, la durée de vie orbitale et les récupérations […], la propagation des ondes radio, et finalement les performances globales du système de positionnement global et d’autres systèmes de navigation spatiaux», ont déclaré les chercheurs. Le professeur Paul Williams, de l’Université de Reading au Royaume-Uni, non impliqué dans cette recherche, a déclaré : «Cette étude est la première preuve d’observation de la contraction de la stratosphère et montre que ce sont nos émissions de gaz à effet de serre qui sont en cause plutôt que l’ozone». «Certains scientifiques ont baptisé la haute atmosphère «l’ignorosphère» car elle est peu étudiée», a-t-il déclaré. «Ce nouveau rapport renforcera les arguments en faveur de meilleures observations de cette partie distante mais d’une importance critique de l’atmosphère». «Il est remarquable que nous découvrions encore de nouveaux aspects du changement climatique après des décennies de recherche», a déclaré Paul Williams, dont les recherches ont montré que la crise climatique pourrait tripler la quantité de violentes turbulences subies par les voyageurs aériens. «Je me demande quels autres changements nos émissions infligent à l’atmosphère que nous n’avons pas encore découverts.» La pression des activités de l’humanité sur la planète a conduit les scientifiques à nommer cette nouvelle époque géologique : l’Anthropocène. Parmi les marqueurs de l’Anthropocène figurent les éléments radioactifs dispersés par les essais d’armes nucléaires dans les années 1950 et les os fossilisés de centaines de milliards de poulets domestiques, résultant de l’essor de la production avicole après la seconde guerre mondiale. D’autres scientifiques ont suggéré la pollution plastique généralisée comme marqueur d’un “âge du plastique”, à la suite des âges du bronze et du fer…
Énergies à La Réunion : La Biomasse ne comblera pas la sortie du charbon, par Dominique Martin-Ferrari, membre du bureau de l’AJE
outremers360. A La Réunion, la conjonction des obligations de la PPE, des nouveaux plans de développement agricole, de la crise du sucre et de ses conséquences sociales, conduisent à se tourner vers la biomasse. D’autant que la loi de 2015 qui prône l’autonomie énergétique dès 2030 en fait un passage obligé du mix énergétique. Analyse de Dominique Martin-Ferrari, Directrice de la rédaction de Métamorphoses Outremers.
Une belle prévision sur le papier.
Sur le papier, le recours à la biomasse remplit tous les espoirs et s’inscrit comme la solution finale à la substitution du charbon importé soit 650 000 tonnes pour faire tourner les deux centrales Albioma du Gol et de Bois Rouge qui fournissent 56% de l’électricité réunionnaise. Malheureusement sur le terrain, il en est tout autrement, et l’on sent le sujet politiquement sensible puisqu’il remet en question le débat sur les subventions de la canne qui couvre 60% de la surface et fait vivre 30 000 emplois directs ou indirects.
« La Réunion ne fournit que 5% de la biomasse dont elle a besoin » rappelle Eric Jeuffraut directeur du CIRAD. Le Directeur de l’Office national des Forêts (ONF) est plus optimiste et parle de 30%, tout en restant scrupuleusement garant de la protection des forêts, « remparts contre les glissements de terrains, des ressources hydrologiques et du recul du trait de côte sur la côte ouest ». Pour atteindre ce chiffre, il ajoute 100 à 114 000 tonnes de déchets verts, les produits de la lutte contre les envahissantes, la bagasse et les ressources provenant des éclaircies des bois d’œuvre (les « bois de couleurs »). Pour stabiliser durablement l’usage de cette biomasse, il souligne qu’il faudra auparavant développer les filières. Celle des scieurs pourrait donner naissance à un bassin de 8 000 emplois. Mais même dans ce cas, on ne répond pas aux besoins d’Albioma.
Les conflits d’usages autour du foncier réunionnais redistribuent les cartes. Protection des boisements et tourisme, développement de nouvelles filières agricoles, urbanisme galopant laissent peu de place aux projets biomasse. Certes il reste des friches, des possibilités de réhabilitation des sols, de plantations à rotation rapide mais il n’est pas certain que tout cela, additionné, vienne nourrir les deux gloutons censés sortir bientôt du charbon que sont les deux centrales Albioma.
Alors faut il importer ?
Du CIRAD au Conseil économique et social réunionnais en passant par l’ONF, on évoque l’importation de plaquettes de bois depuis le Mozambique, l’Afrique du Sud ou l’Asie du Sud-est. Or en termes de lutte contre le CO2 ce n’est pas une solution, à tel point que l’ancien secrétaire d’État à la Transition écologique, Sébastien Lecornu, lors de son passage dans l’île à l’automne dernier avait déclaré « moi présent, il n’y aura pas d’importation de plaquette ». Certes il depuis a changé de Ministère, mais ces responsabilités à l’aménagement du Territoire doivent sans doute maintenir ses exigences.
Dans la configuration actuelle, Albioma serait obligé d’acheter au moins 70% de ses besoins, à moins comme le suggère le syndicat des énergies renouvelables par la voix de Jerôme Billerey (SER/DOM), que l’on considère que « la conversion des centrales charbon en biomasse est une excellente chose pour l’environnement, mais moins pour l’autonomie du territoire puisqu’une partie majoritaire de cette biomasse sera importée ». « Alors pourquoi ne pas remettre en question le raisonnement de la loi de transition énergétique qui nous pousse à adopter ces modèles, et partir des ressources locales pour construire un MIX énergétique de long terme ? », soutien par exemple l’Ademe.
Et ce d’autant qu’Albioma qui s’engage sur la voie de l’innovation pourrait continuer d’utiliser les surplus de bagasse puisqu’il vient d’ouvrir une TAC (turbine à combustion) fonctionnant au bioéthanol de canne à sucre à Saint-Pierre. Sous sa marque, ‘Galion 2’ à La Martinique devient la première centrale 100% bagasse/biomasse en Outre-mer français et à Saint-Pierre à La Réunion, la turbine à combustion sera la première centrale du monde fonctionnant au bioéthanol. Peut être aussi une des réponses futures aux questions de la mobilité dans l’Île.
————————————
Dominique Martin-Ferrari, En métamorphose, LA CENTRALE DU LARIVOT
Le dossier de la centrale du Larivot fait couler beaucoup d’encre et les nouvelles les plus contradictoires se croisent. D’où la nécessité d’une petite synthèse sur un dossier dont on n’a pas fini d’entendre parler d’ici 2024. Lire l’article
————————————
Danielle Nocher, directrice de publication et de rédaction de Valeurs vertes, N°164 « Science et politique : quel juste équilibre pour la santé ? »
COVID 19 : L’Institut PASTEUR de Cayenne en première ligne
La chauve souris accusée numéro 1 : l’interview du directeur de l’institut Pasteur de Cayenne par Katia Leï-Sam, fondatrice de Guyaweb, nous fournit des informations encore peu diffusées sur le COVID 19.
D’abord, se confirment les analyses sérieuses concernant l’origine du virus. Non il ne s ‘agit ni d’un virus « inventé « (confusion désormais longuement expliquée par l’Institut Pasteur sur l’usage de ce terme), ni d’un virus issu d’une mauvaise intention. La thèse complotiste a fait long feu, comme celle d’une transmission par le pauvre pangolin (qu’importe d’ailleurs, cette mise au banc des accusés permettra peut être de sauver le pangolin victime d’un énorme trafic en Afrique et en Asie).
Le réseau mondial des Instituts Pasteur confirme que la chauve-souris est bien à l’origine de cette pandémie. Son système immunitaire est super développé et elle a déjà été au cœur des épidémies sévères que furent le SRAS, Ebola, Marburg… Reste par contre encore non expliqué comment ce virus a pu passer de la bête à l’homme.
Deuxième information d’importance donnée par le Directeur Mirdad Kazanji par téléphone à ce journal local : plus l’homme perturbera les écosystèmes naturels plus il délogera ces virus, d’où un lien très fort entre « la perturbation de la biodiversité et l’apparition de nouvelles pathologies » Des chercheurs de l’université de Berkeley en Californie ont constaté que lorsque l’habitat des chauves-souris est perturbé, elles ont une réaction de stress et répandent encore plus de virus dans leur salive, leurs urines et leurs déjections. C’est là que d’autres animaux peuvent être contaminés et ensuite transmettre la maladie à l’être humain.
Cayenne est très en avance sur ce sujet « L’institut Pasteur de la Guyane fait partie d’un réseau, “le réseau international des Instituts Pasteur”, présent dans différentes régions du monde notamment à Hong-Kong, Shanghai, au Cambodge…(…) Aujourd’hui on constate que 96 % d’homologie (d’identité) sont proches d’un virus de chauve-souris. On ne connaît pas encore la première personne (le cas index), donc on a émis l’hypothèse que c’est un virus probablement zoonose – virus qui vient des animaux notamment des chauves-souris – qui est passé à l’homme, sans avoir exactement la date. Il y a beaucoup de recherches en ce sens aujourd’hui pour savoir est-ce que c’est récent, immergé depuis quelques mois, des années… C’est le chaînon qui nous manque aujourd’hui. » Selon ce chercheur, le COv 19 n’est pas un nouveau virus, il «existe depuis la nuit des temps » chez la chauve souris. Plus grave, de nombreux virus existent ainsi chez les mammifères de la forêt, mais la transmission à l’homme est récente, d’où ce terme de virus « émergents ».
Troisième information de taille, grâce à ses connaissances, l’institut Pasteur de Cayenne peut réaliser des tests, et espère transmettre rapidement cette capacité à l’hôpital de Cayenne et de Kourou, afin de généraliser les tests en Guyane.
Enfin dernière information, les cas signalés en Guyane semblent pour la majorité « importés ». Samedi on comptait 15 cas nécessitant hospitalisation et sur ces quinze cas 13 étaient importés. Selon les spécialistes, la Guyane ne serait pas encore dans l’œil du cyclone et a eu la chance de vivre dès le départ les consignes de confinement.
Mais une autre hypothèse surgit, non documentée celle là, les guyanais plus proches d’une nature sauvage auraient-ils développé des anticorps ? Ce qu’espérait Boris Johnson en Grande Bretagne, fan du darwinisme et de «l’immunité collective », il a été tancé par l’OMS « « On peut parler théorie, mais pour l’instant nous sommes dans une situation où il faut agir. Nous n’en savons pas assez sur ce virus, il n’a pas atteint la population depuis assez longtemps pour savoir quels sont ses effets sur le plan immunologique ». Depuis, il a enfin suggéré le confinement de son île.
Dominique Martin-Ferrari, membre du bureau de l’AJE, fondatrice directrice de Metamophose-Outremer
———————————
Corinne le Quere, présidente du Haut Conseil pour le climat, par Dominique Martin Ferrari, journaliste/réalisatrice, vice-présidente de Métamorphose outremers, membre du bureau de l’AJE
Au cours d’une conférence organisée par l’AJE le 4 Juin dernier Corinne Le Quéré, climatologue franco-canadienne, membre du GIEC a présenté le rôle qu’elle entend jouer à la tête du HCC, haut Conseil Climatique. Elle est professeur de sciences du changement climatique, a dirigé pendant treize ans le groupe « carbon project », pendant huit ans le centre sur les changements climatiques en Grande Bretagne et leurs impacts sur la société. Elle a été nommée en Novembre dernier, présidente du Haut Conseil Climat, le HCC. S’il existait une instance de cette importance en Grande Bretagne depuis dix ans (Pays dans lequel les émissions ont réduit de 15%), quelque chose d’un peu semblable en Suède et en Nouvelle Zélande, il n’existait rien en Europe . L’instance vient d’être créée en France…
« L’invasion invisible des microplastiques », par Christophe JOSSET, journaliste à L’express et adhérent de l’AJE
Avec le temps, les déchets plastiques et les textiles synthétiques se fragmentent en microparticules. Elles polluent l’eau, l’air et contaminent l’homme.
Le plastique n’est plus fantastique. Léger, résistant et surtout peu coûteux, il a longtemps été paré de toutes les qualités au point d’inonder notre quotidien, depuis soixante ans, sous forme de bouteilles, d’emballages, de textiles ou de peintures. Sauf qu’il a, aussi, un énorme défaut : une fois abandonné, il met des siècles à se décomposer dans les environnements qu’il pollue. Depuis peu, l’opinion publique en prend conscience, choquée par les images de plus en plus fréquentes d’animaux marins piégés par du plastique.
Et pourtant, il ne s’agit que de la partie la plus visible de ce fléau, car ces déchets se fragmentent ensuite en microplastiques, des milliers de minuscules débris durables qui ont, à leur tour, envahi notre vie. Ils sont partout, dans l’air, l’eau du robinet, les terres cultivées ou la nourriture, comme le constatent, impuissants, les chercheurs qui explorent les conséquences de ces polluants invisibles. Lire la suite sur L’express
———————————
« Glyphosate : mais qu’a voulu dire Pierre Médevielle ? » par René-Martin Simonnet, Directeur de publication de Journ’eau et membre du bureau de l’AJE
La Dépêche du Midi a ébranlé mes certitudes, ce 12 mai dès potron-minet, en publiant une interview de Pierre Médevielle en avant-première de la publication d’un rapport sur le glyphosate : si j’en crois mon confrère, il aurait déclaré que « cette molécule est ajoutée à nos lessives pour nettoyer les canalisations ». Ce sénateur (UC) de la Haute-Garonne se serait en outre insurgé contre le classement de cette substance en tant que cancérogène probable, mais il semblerait avoir confondu l’exposition des consommateurs de végétaux traités au glyphosate avec celle, nettement plus dangereuse, des exploitants agricoles et des riverains des parcelles concernées. Si ce n’est pas mon confrère qui s’est emmêlé les pinceaux, cette confusion est plutôt surprenante de la part d’un pharmacien.
Revenons à cette phrase, que je ne résiste pas au plaisir de vous répéter : « Cette molécule est ajoutée à nos lessives pour nettoyer les canalisations. » Si c’était le cas, Bayer-Monsanto n’aurait pas à s’épuiser en lobbying plus ou moins légal pour défendre son produit phare. Il lui suffirait de passer ce genre de publicité à la télévision :
– « Oh, Marie-Angélique chérie, mon linge est blanc et doux, mais regarde mes égouts : ils sont tout sales ! Beurk ! Comment pourrais-je les nettoyer ?
– Fais comme moi, Euphrosine-Aglaé chérie : utilise la lessive Zenzymes au Roundup. Mon linge est gris et rêche, mes enfants sont couverts de pustules et mon mari a un mélanome, mais j’ai des égouts tout propres ! Viens les visiter avec moi !
– C’est vrai ! Ils sont étincelants et ils embaument le lilas ! Merci Zenzymes au Roundup ! »
Sérieusement, comment croire qu’une phrase aussi délirante a pu être prononcée par l’un des sept vice-présidents de l’Office parlementaire des choix scientifiques et technologiques ? L’intéressé accuse La Dépêche du Midi de l’avoir piégé et d’avoir déformé ses propos, celle-ci réplique qu’elle a enregistré toute la conversation téléphonique et qu’elle a eu son accord pour l’exploiter sans attendre la publication du rapport. Le jour où cette bande fuitera dans son intégralité sur internet, on verra bien qui dit la vérité.
En attendant, je vous rassure : le glyphosate ne nettoie pas les réseaux de collecte des eaux usées, puisqu’il s’agit d’un herbicide et qu’il n’y a pas d’herbe dans ces canalisations. En outre, les fabricants de lessive n’ont aucune obligation de contribuer au nettoyage des égouts, une activité qui n’utilise d’ailleurs guère de produits chimiques, sauf pour déboucher les siphons chez les particuliers. Enfin, je n’ai jamais entendu parler de glyphosate dans la formule d’une lessive, où il serait au mieux inutile, au pire dangereux pour les utilisateurs.
Ce qui est vrai en revanche, c’est qu’on met des tensioactifs dans les herbicides à base d’acide glyphosique (C3H8NO5P), pour améliorer leur pénétration dans les feuilles. C’est peut-être de ces molécules-là qu’a parlé ou voulu parler Pierre Médevielle, puisque ce sont les principaux agents actifs des lessives. Mais même les tensioactifs ne peuvent pas nettoyer les canalisations, quand ils sont rejetés dans les eaux usées.
René-Martin Simonnet – Journ’eau no 1151, 20 mai 2019
———————————
L’IPBES à Paris », par Dominique Martin-Ferrari, membre du bureau de l’AJE
Le rapport attendu sera la 1ère évaluation partagée qui engagera les états. Il s’appuie aussi sur les savoirs autochtones et locaux, la protection des espaces, des cultures, de l’éducation. Au delà des enjeux scientifiques il écrira enfin les enjeux politiques et moraux Personne ne pourra dire qu’il ne savait pas.
L’ambassadeur de l’environnement M. Stefanini a rappelé qu’à la fin de la semaine nous disposerons d’un socle scientifique partagé : « Le défi est réel, des changements structurels sont nécessaires pour modifier nos modes de vie. 2020 sera l’année de la biodiversité comme l’a été l’année 2015 pour le climat… »
A Montpellier, quatre régions défendent l’éolien fottant, par Dominique Martin-Ferrari, membre du bureau de l’AJE.
On savait le monde de l’éolien flottant très déçu par les annonces de la PPE. A l’occasion de la rencontre FOWT qui s’est déroulée pour la première fois à Montpellier, 4 régions ont tenu à s’exprimer sur la question de l’éolien flottant.
Quand à l’automne 2018 est tombée l’annonce par le gouvernement de la programmation pluriannuelle de l’énergie 2019/2028, le monde de l’éolien flottant a dit son mécontentement. La part réservée aux appels d’offre du secteur ne pouvait satisfaire les six régions littorales hexagonales avec une proposition de 5GW en service en 2028 alors que les professionnels en attendaient 10. Le SER (syndicats des énergies renouvelables) et FEE (France énergie éolienne) avaient alors vivement réagi. Depuis, le lobby s’est intensifié auprès du gouvernement et plus particulièrement auprès de François de Rugy, ministre de la transition écologique.
Du 24 au 26 avril 2019 à Montpellier s’est tenue pour la première fois la rencontre FOWT (plus grand événement mondial dédié à l’éolien offshore) qui se déroulait jusqu’à présent à Marseille. Au cœur de cette rencontre internationale de très haut niveau, quatre régions françaises insatisfaites ont réaffirmé leurs exigences. Réunies dans la même conférence de presse, Sud, Occitanie, Bretagne et Pays de la Loire ont rappelé qu’elles se serrent les coudes pour obtenir des promesses d’installation qui justifieront les nécessaires aménagements portuaires et industriels à venir. Si tout se passait bien (entendez si aucun empêchement administratif ne venait s’y opposer) , selon les prévisions, quatre fermes pilotes doivent être en exploitation dès 2021 produisant chacune 25MW . Leurs installations continuent de progresser : les zones d’implantation sur 3000 km2 sont définies accompagnées des études d’impact sur l’avifaune, la visibilité des appels d’offre doit s’affirmer pour garantir la suite, le passage aux fermes commerciales et à la production, soit une centaine d’éoliennes vers Marseille et 130 vers Port la Nouvelle
Cet engagement des quatre régions en une seule requête « prouve que les industriels portuaires sont en ordre de marche et ce portage politique commun doit créer un climat de confiance » précise la CCI Marseille Provence, « nous ne travaillons pas pour une production régionale. Nous défendons une production française et la première année a besoin d’un coup de pouce. N’’oublions pas combien peut coûter un retard de décision et comment à ce jeu, la France s’est faite doubler par la Chine dans le solaire. » rappelle Carole Delga, présidente de la région Occitanie.
Le lancement de l’éolien flottant n’est pas une mince affaire
Dans ce bateau, il n’y a pas que les producteurs de moulins. Le colloque était là pour débattre de la chaine des défis Des investissement très importants doivent être faits face au flou de l’avenir : pourra-t-on livrer des unités fabriquées en France, ou en Europe (Ecosse notamment) à coût intéressant ? Verra t on des modèles se développer dans le monde avec assemblage en Europe ? Y aura t il un marché important ? Jérôme Ribuot pour la SAIPEM en témoigne : « on avait investi en Indonésie pour le pétrolier et aujourd’hui c’est l’éolien, donc oui il faut oser et depuis l’Indonésie nous envisageons de nous implanter en Californie. » On sent la nécessité de souplesse pour une industrie lourde.
Matthieu Monnier de la FEE a rappelé que la France travaille encore à définir les besoins des industriels et surtout à évaluer la faisabilité des projets. La Programmation Pluriannuelle de l’Énergie (PPE) doit être présentée au Conseil Supérieur de l’Énergie le 14 mai avant d’être débattue au Parlement. Idéalement, le gouvernement espère une publication dans l’été.
Le débat est toujours ouvert
Mais pour l’heure, le débat est toujours ouvert. Et le moins que l’on puisse dire c’est que la révision de la PPE continue de faire débat au sein des professionnels du milieu de l’énergie. L’investissement pour les ports est énorme : 220M d’euros ont été investis à Marseille, 150M à Port la Nouvelle, et Brest avec 220M multiplie les espaces d’action…Or on sait qu’en France entre appel d’offre et mise en service il faut entre 6 et 7 ans . Il convient donc de réfléchir aux technos qui seront prêtes pour dans 7 ans et déjà à des turbines de 15 MW à Dunkerque.
Il faut deux ans pour conduire à bien un projet de 500MW , que fera le port une fois ces deux années passées ? Pour maintenir l’ équilibre entre le projet et la survie du port il est indispensable de réfléchir et construire des projets complexes qui intègrent de la valeur ajoutée pour les ports.
Outremers 360° : « Assises des Risques naturels, les annonces de François de Rugy », par Dominique Martin-Ferrari, membre de l’AJE
Ces 25 et 26 mars, les Assises nationales des risques naturels se déroulent à Montpellier sous le signe de l’adaptation dans un contexte marqué par des catastrophes : en 2018, Cyclone Irma aux Antilles, inondations catastrophiques dans l’Aude, incendies en PACA et en Corse liés aux sécheresses récurrentes. Présent à l’ouverture, le Ministre de la Transition Ecologique et Solidaire François de Rugy a rappelé l’engagement de l’Etat auprès des collectivités.
François de Rugy, ministre d’Etat, ministre de la Transition écologique et solidaire l’a rappelé dans son discours : « il nous faut désormais regarder le risque en face et savoir le traiter… Et si il y a eu intensification des risques depuis 2012, il n’y a rien de plus difficile pour un maire que de dire non à une construction dans une zone à risques par temps calme…Or c’est l’action dans la durée, au delà de l’émotion médiatique, qui est nécessaire ». Bien sûr il faut continuer d’agir sur les causes pour mieux atténuer les effets des catastrophes dont les coûts ne cessent de grimper. « Des missions d’observation ont été lancées dans les territoires et feront l’objet d’une évolution législative fin 2019 » Et de citer deux exemples, comme la prise en compte non seulement des risques d’avalanches en montagne mais aussi des poches d’eau et des chutes de pierre liés aux risques de fontes des glaces, et l’instrumentalisation par trois stations sismologiques de Mayotte en lien avec le CNRS…
Téhéran s’enfonce de 25 cm par an et il est trop tard pour agir
Téhéran, ville d’Asie occidentale la plus peuplée avec 13 millions de personnes, est littéralement en train de couler. Des images satellite ont révélé l’ampleur du phénomène : des quartiers entiers de la capitale iranienne s’affaissent de 25 cm par an. L’effondrement s’étend à l’aéroport international de la ville.
Les géologues Mahdi Motagh et Mahmud Haghshenas Haghighi, du Centre de recherche allemand sur les géosciences GFZ (Potsdam), ont utilisé des données satellitaires pour surveiller l’affaissement dans la région de Téhéran entre 2003 et 2017. Des travaux antérieurs avaient montré que Téhéran était en train de couler et avaient relié le naufrage à l’épuisement des nappes phréatiques, en cours d’assèchement pour irriguer les terres agricoles avoisinantes et desservir le grand Téhéran.
Les dernières données ont permis de chiffrer le problème. La plaine occidentale de Téhéran – la capitale, les villes satellites et les terres agricoles – s’affaisse au rythme de 25 cm par an. La plaine de Varamin, région agricole située au sud-est de la ville, s’affaisse à un rythme similaire. L’aéroport international de la ville – situé au sud-ouest de Téhéran – s’effondre de 5 cm par an. «Ce taux d’affaissement est parmi les plus élevés au monde», déclare Roberto Tomás, ingénieur à l’Université d’Alicante en Espagne.
L’affaissement, causée par la croissance démographique et l’extraction croissante de l’eau souterraine, du pétrole et du gaz, est un problème dans les villes du monde entier. Des mesures satellitaires précédentes avaient montré que certaines zones de Jakarta coulaient de plus de 20 cm par an et que la vallée de San Joaquin en Californie (qui abrite plusieurs villes) atteignait jusqu’à 60 cm par an. La nouvelle étude estime qu’environ 10% de la zone urbaine de Téhéran est touchée, ainsi que de nombreuses villes et villages satellites situés au sud-ouest de la ville. «En marchant dans ces zones, nous voyons des surfaces de rues inégales, des trottoirs décalés, des fissures dans les murs et même des bâtiments inclinés, dont certains ont dû être démolis», explique Motagh.
Des fissures énormes – plusieurs kilomètres de long et jusqu’à quatre mètres de large et de profondeur – se sont creusées dans les terres situées au sud-est de Téhéran, certaines d’entre elles menaçant de renverser les lignes de transport d’électricité et de bloquer les voies ferrées. Et la croissance des fissures souterraines produit parfois des gouffres soudaines. «Un agriculteur que j’ai rencontré a été bloqué pendant des heures lorsque le sol a cédé sous lui et il est tombé dans une fissure de six mètres de profondeur», a déclaré Ali Beitollahi, responsable de l’ingénierie sismologique au Centre de recherche sur le bâtiment et le logement de Téhéran. Ces terres agricoles deviennent non viables, car les fissures drainent l’eau d’irrigation de la surface et laissent les cultures desséchées.
Des études effectuées l’année dernière par Beitollahi et ses collègues estiment que les zones d’affaissement importantes à Téhéran et dans les environs concernent 120 km de voies ferrées, 2 300 km de routes, 21 ponts, 30 km d’oléoducs, 200 km de kilomètres de lignes électriques à haute tension et plus de 250 000 bâtiments.
Les données de Motagh et Haghshenas Haghighi montrent comment l’affaissement a progressé de manière constante vers l’est depuis 2003, en commençant par les terres agricoles et en pénétrant dans les banlieues urbaines de la ville. Une autre zone d’affaissement se dessine vers l’aéroport de Téhéran. La croissance démographique s’est ajoutée – la population de la ville a doublé ces 40 dernières années – les sécheresses et les grands barrages, qui captent les eaux de pluie et empêchent la recharge des nappes aquifères, ont exacerbé le problème.
Les autorités mènent une bataille perdue d’avance alors qu’elles tentent de réglementer l’extraction de l’eau. Beitollahi estime qu’environ 100 000 puits illégaux ont été bloqués à travers l’Iran, mais environ 30 000 sont toujours en exploitation dans le Grand Téhéran. « Le naufrage en cours pourrait être irréversible », indique l’étude. En examinant la profondeur de l’eau à partir de puits dans les zones touchées, les chercheurs ont constaté que le sol ne remontait pas, même après les précipitations, ce qui indique une perte permanente de la porosité de la roche. Linlin Ge, ingénieur à l’Université de New South Wales à Sydney, en Australie, estime que cette perte pourrait entraîner davantage de crues soudaines, car sans cavités, l’eau n’a plus aucun endroit où aller.
Adaptation par Esther Amar, journaliste scientifique, vice-Présidente de l’AJE
Par Dominique Martin-Ferrari, journaliste/réalisatrice, membre du bureau de l’AJE
« La station de Palavas abrite la recherche piscicole d’Occitanie, l’aquaculture devient un véritable défi » explique la biologiste et généticienne, Béatrice Châtain, aux groupes de chercheurs venus visiter la station de Palavas qu’elle dirige, en marge du colloque mondial we are aquaculture. « L’Asie (Chine, Vietnam, Indonésie), poursuit elle, assure 90% de la production mondiale. L’Europe arrive en seconde position avec seulement 4,2% ! Avec l’augmentation de la population et la baisse des ressources halieutiques, l’aquaculture doit quadrupler ses productions. Un énorme challenge pour l’aquaculture européenne et pour nous. »
En Europe, la France arrive derrière la Grande Bretagne, avec moins de tonnages mais plus de valeurs car notre aquaculture est « festive » : caviar, huitres, coquillages, thon, crevettes, bar… et se lance depuis peu dans la production de poissons, daurade, bar, truite, loup… Comme en Grande-Bretagne, l’aquaculture en France souffre d’une mauvaise image qui a nuit à son développement. Elle vient des problèmes liés à l’usage des antibiotiques dans les élevages de saumon suédois ou des épidémies et parasites détectés dans les productions asiatiques, où les mortalités sont impressionnantes. Et quand l’aquaculture est présentée comme une solution pour stopper l’hémorragie de la surpêche, on l’accuse d’être responsable d’assurer le débouché d’une part des 20% de prises secondaires réduites en farine et en huile pour nourrir les poissons des fermes !
Un gâchis considérable qui a conduit à la nécessité d’un véritable effort pour réduire ces prises accessoires et trouver des solutions à l’alimentation des élevages qui représente 55% des coûts. La station de Palavas travaille en ce sens « Nos recherches sont particulièrement orientées vers l’amélioration des systèmes alimentaires, explique Béatrice Châtain. En amont, nous étudions la substitution des nourritures carnées ou à base de farines par de l’alimentation à partir des algues, et en aval nous visons la réduction des rejets nuisibles à l’environnement par une optimisation de l’efficacité alimentaire ». En résumé, ici on travaille à une sorte de système circulaire optimisé qui ne repose plus seulement , comme il y a quelques années, sur la simple sélection génétique.
Les travaux de l’IFREMER sur les algues ont donc du sens, outre la dimension économique. « L’un des avantages de la culture de micro-algues marines est de ne pas entrer en concurrence avec les cultures terrestres. Certaines d’entre elles contiendraient des éléments nutritifs qui pourraient permettre de réduire jusqu’à 20% l’usage des farines et huiles de poisson », selon Cyrille Przybyla, autre chercheur à l’Ifremer. Il a mené le programme VASCO, seule voie biologique de séquestration du CO2 à travers une culture de micro-algues marines. Un second programme , « ProtOil » s’attaque à l’utilisation de micro-algues pour l’alimentation des poissons d’élevage, Vasco2. Il implique 12 partenaires – des industriels de la zone industrialo portuaire de Fos sur Mer, des centres de recherche, des start-up, des institutionnels. Il vise à valider des procédés de production de micro algues et de biocarburants à partir d’une valorisation des fumées industrielles. L’ambition de l’ensemble des partenaires est de contribuer ainsi à la transition énergétique par l’innovation en testant une solution inédite de production de biomasse basée sur le recyclage biologique du CO2 industriel.
Lancé sur le site de l’Ifremer à Palavas en 2015, Vasco2 est entré dans une phase d’expérimentation préindustrielle en milieu réel, au cœur de la ZIP de Fos,
Des micro-algues y sont cultivées, récoltées, concentrées puis transformées en biobrut. Le biobrut est alors raffiné jusqu’à l’obtention d’un biocarburant.
A l’issue de cette phase préindustrielle, Vasco2 pourra envisager la mise en œuvre d’un démonstrateur de taille industrielle, avant une production à grande échelle de substituts au pétrole et de biocarburants de 3e génération. Outre la contribution à la transition énergétique, il conduira à réduire les rejets atmosphériques de CO2 et de NOx de la zone industrialo-portuaire de Fos.
Après cette visite et une journée d’échange entre le CIRAD et la FAO sur l’agroécologie, s’est ouvert le congrès AQUA 2018, consacré à l’aquaculture mondiale. Il durera jusqu’au mercredi 29 août. Quatre laboratoires ont travaillé à son organisation : l’INRA, l’IFREMER, l’IRD et le CIRAD. Lourde tâche d’accueillir plus de 2500 personnes venues d’au moins 60 pays différents. Béatrice Châtain directrice de la station IFREMER de Palavas s’y consacre depuis plus d’un an. Avant un pot de bienvenue, dans le grand amphi du Corum, le colloque a été ouvert par le maire Philippe Saurel, le représentant de la région, André Lubrano, originaire de l’étang de Thau principal site de production des huîtres et moules de Bouzigues, et les directeurs de recherches de l’université de Montpellier qui vient de recevoir le titre de première université mondiale de l’écologie par la ville de Shanghai.
Dominique Martin Ferrari
—————————-
Rio 92 et Comité 21 : 3 femmes pour l’environnement, Bettina Laville, Simone Veil, Huguette Bouchardeau
Par Dominique Martin-Ferrari, membre du bureau de l’AJE, pour Vraiment Durable (2015)
Dans cet article hommage Dominique Martin-Ferrari salue l’action de trois femmes d’exception.
En 1992, le Sommet de la Terre de Rio réunit des centaines de milliers de citoyens du monde entier, une mobilisation sans précédent pour appeler les institutions internationales et les gouvernements à adopter le développement durable dans un monde plus juste. Etaient en jeu la survie de la planète, mais aussi les échanges Nord–Sud, la place des femmes dans la société, l’accès de tous les habitants de la planète aux biens essentiels comme l’eau, l’air. La rencontre avait été préparée par un collectif d’ONG d’environnement et de développement, le CRID et le CEDI, dans lesquels se retrouvaient les militants qui avaient travaillé à l’année européenne de l’environnement dans le Comité français pour l’environnement de Simone Veil, les militants du développement, des chercheurs… Sur le plan institutionnel, Bettina Laville avait préparé le Sommet au cabinet de Brice Lalonde. Rio passé, impossible de laisser retomber l’espoir. Huguette Bouchardeau et son Entente Européenne pour l’Environnement, Bettina Laville à la tête de la Fondation Européenne de l’environnement et le Comité français pour l’environnement de Simone Veil décident de se regrouper et de donner naissance au Comité 21. Pour première mission il entend faire vivre en France le programme d’Actions pour le 21° siècle auquel serge Antoine a participé aux côtés de Maurice Strong. Le texte définit les principes d’une politique de développement « économiquement viable, écologiquement durable, socialement équitable ». Il implique toutes les composantes de la société : entreprises, collectivités territoriales, associations, établissements de recherche et d’éducation, medias.
Simone Weil : comité français pour l’environnement
En 1988 durant l’Année européenne de l’environnement, le comité français était présidé par Simone Veil alors pionnière parmi de la députation européenne. l’Année européenne a permis pour la première fois, de labelliser en France plus de 800 projets, portés par des collectivités et des associations et d’assurer des financements français et européens pour environ la moitié d’entre eux. Il est à l’initiative également de ce qui deviendra le Pavillon bleu d’Europe. Ce comité devint le Comité français pour l’environnement qui en 1994 se transformera en Comité 21.
Le 17 Octobre 1994, en présence de Michel Barnier, alors Ministre de l’environnement, se réunit l’Assemblée Générale Constitutive du Comité 21 : Comité français pour l’environnement et le développement durable. Les fondatrices deviennent membres d’honneur du Comité 21 et confient la Présidence à Serge Antoine, Il restera président jusqu’en 1998.
Extraits de son discours de clôture de l’anniversaire des dix ans du comité 21 :
« Le développement durable n’est pas un état. Il est un devenir… La reconnaissance viendra toute seule, si j’ose dire. Elle viendra de l’Europe, si celle-ci bouge un peu plus, et il serait mieux d’avoir des partenaires qui bougent. Elle viendra de la planète, de cette gouvernance mondiale qui va finir, un jour, par se transformer. Elle viendra aussi des régions du monde. …. Nous allons chercher cette reconnaissance, mais l’important est de la mériter. »
*Elles ont relaté toutes trois leurs engagements : Simone Veil, Une vie, éditions Stock, octobre 2007 ; Huguette Bouchardeau, Le déjeuner, éditions Julliard, janvier 1998 ; Bettina Laville, La machine ronde – La planète, le peuple et la politique, éditions Autrement, 2002.
Pour offrir les meilleures expériences, nous utilisons des technologies telles que les cookies pour stocker et/ou accéder aux informations des appareils. Le fait de consentir à ces technologies nous permettra de traiter des données telles que le comportement de navigation ou les ID uniques sur ce site. Le fait de ne pas consentir ou de retirer son consentement peut avoir un effet négatif sur certaines caractéristiques et fonctions.
Fonctionnel
Toujours activé
L’accès ou le stockage technique est strictement nécessaire dans la finalité d’intérêt légitime de permettre l’utilisation d’un service spécifique explicitement demandé par l’abonné ou l’utilisateur, ou dans le seul but d’effectuer la transmission d’une communication sur un réseau de communications électroniques.
Préférences
L’accès ou le stockage technique est nécessaire dans la finalité d’intérêt légitime de stocker des préférences qui ne sont pas demandées par l’abonné ou l’internaute.
Statistiques
Le stockage ou l’accès technique qui est utilisé exclusivement à des fins statistiques.Le stockage ou l’accès technique qui est utilisé exclusivement dans des finalités statistiques anonymes. En l’absence d’une assignation à comparaître, d’une conformité volontaire de la part de votre fournisseur d’accès à internet ou d’enregistrements supplémentaires provenant d’une tierce partie, les informations stockées ou extraites à cette seule fin ne peuvent généralement pas être utilisées pour vous identifier.
Marketing
L’accès ou le stockage technique est nécessaire pour créer des profils d’internautes afin d’envoyer des publicités, ou pour suivre l’utilisateur sur un site web ou sur plusieurs sites web ayant des finalités marketing similaires.